Escroquerie au casino Barrière de Toulouse : un ancien croupier et ses deux complices passent en jugement

Les ruses les plus complexes, et parfois même les plus improbables, sont souvent imaginées par les joueurs de casino pour empocher le gros lot sur le dos des établissements de jeu. Et assez souvent, cela se fait avec la complicité des agents du casino. C’est en tout cas ce qui s’est passé avec le trio de jeunes gens jugés vendredi dernier par le tribunal de Toulouse.

Le croupier, sa petite amie et son ami d’enfance…

L’histoire jugée ce vendredi est celle de trois jeunes gens qui ont joué de malice durant près d’un an pour encaisser plus de 11 000 € de façon illicite en profitant du poste de croupier occupé par l’un d’eux, et des dysfonctionnements d’une roulette anglaise électronique tenue par celui-ci. Grâce à sa place de croupier dans le prestigieux casino Barrière de Toulouse , Christopher, 25 ans, constate en effet des défaillances techniques au niveau de la roulette anglaise électronique dont il a la responsabilité. Mais plutôt que de le faire savoir tout simplement à ses supérieurs, il décide d’en profiter pour « gruger » le casino. Pour ce faire, il implique deux des personnes les plus proches de lui : sa petite amie thaïlandaise Sureenan, et Grégory son ami d’enfance en qui il a totalement confiance. Entre mars et novembre 2014, le trio va donc exploiter la faille dévoilée par Christopher et réussir à empocher un total de 11 700 € de bénéfices en faisant en sorte de ne pas éveiller les soupçons. Ils misent ainsi des sommes plutôt raisonnables et évitent d’« opérer » trop fréquemment. Mais ils finissent quand même par se faire prendre. Passant très vite aux aveux, les trois jeunes gens ont été présentés ce vendredi matin au tribunal, accusés d’escroquerie.

Une arnaque connue…

La combine utilisée par le croupier toulousain et ses deux complices est très astucieuse et est basée sur un dysfonctionnement déjà remarqué sur plusieurs machines de roulette électronique. Elle consiste, pour le croupier, à lancer la boule sur la roulette de façon à ce qu’elle n’atteigne pas sa vitesse habituelle. Les capteurs de l’appareil ne fonctionnent alors plus normalement et bloquent le « rien ne va plus » qui annonce la fin des mises. Le croupier utilise ensuite un code spécial qui lui permet quand même d’enregistrer les mises de ses complices, dont le seul rôle est d’attendre l’arrêt de la boule pour miser sur le numéro gagnant. Malin et surtout très lucratif puisqu’à ce petit jeu, le trio s’est quand même fait 11 700 € en quelques mois.
Cette arnaque, ce n’est cependant pas Christopher qui l’a inventée. Ce n’est en tout cas pas le premier à s’en être servi. En novembre 2013 déjà, quatre croupiers messins avaient subi les rigueurs de la loi pour avoir fait usage du même stratagème.

…Qui peut coûter cher

Si le parquet de Metz avait retenu 4 mois de prison avec sursis pour chacun des croupiers, plus une amende représentant la moitié du préjudice subi par le casino chiffré à 327 000 €, la fin pourrait être moins lourde de conséquences pour le trio toulousain. En effet, arguant que la défaillance exploitée par le jeune croupier était assez bien connue sur le type de machine concernée, la défense des prévenus a demandé à ce qu’aucune réparation financière ne soit exigée alors que le Groupe Barrière réclame un remboursement du montant perçu frauduleusement plus le paiement de la somme de 227 000 € au titre du préjudice subit. Le ministère public a finalement requis des travaux d’intérêts généraux pour les deux hommes et une amende de 1000 € pour la jeune femme qui avait fourni l’essentiel des fonds nécessaires à l’opération.

Cette histoire n’est par ailleurs pas sans nous rappeler l’arnaque du trio de joueurs qui écuma les salles de poker d’une trentaine de casinos du sud de la France en janvier 2004.